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   Carnaval à Venise 

     Que c’est triste Venise en mi-février quand il y fait trois degrés matin et soir et que malgré la météo annoncée, nous n’avions en tête que la chaleur et la douceur d’un climat italien. La lagune exhale toute la brume dont elle est capable en ajoutant l’humidité au froid et au vent. Nous avons regretté de n’avoir pas pris notre parka.

     Heureusement le lendemain le soleil est là, et la température est supérieure. Et puis, c’est aussi samedi, le premier jour du carnaval. Sur le moindre coin de trottoir les camelots exposent toutes sortes de masques, du plus simple au plus tapageur. Le mot d’ordre est au déguisement et on a du mal à imaginer que des milliers de touristes sont venus pour s’amuser à cette occasion.

     Débarquant du vaporetto, gagner la Place Saint Marc est une véritable expédition. Toute la journée une foule au moins aussi dense que celle des Champs Élysées le 31 décembre à minuit occupera la place et ses abords. Le carnaval de Venise qui dure huit jours est paraît-il le plus fréquenté de tous, on y vient du monde entier.

     Dans ces milliers de personnes, des centaines ne se sont pas contentées d’un masque, c’est même d’éblouissants costumes qui les habillent. S’ils sont souvent inspirés par les modes du XVIIIème siècle, on voit de tout, depuis un Jésus-Christ jusqu’à un monstre. Qui oserait à Paris se promener ainsi ? En fait, ici, on s’exhibe avec la plus grande grâce, l’important étant d’être vu. Dès qu’un costume apparaît, celui qui le porte prend la pose sans se faire prier et tout le monde se précipite pour le photographier.

     Place Saint Marc, des structures provisoires en bois ont créé un nouveau décor. Sur les côtés, elles supportent les caméras de télévision. Une scène prolongée par un passage surélevé sur une bonne longueur de la place permettra tous les jours à 16 heures le défilé des costumes en concours. La foule est telle qu’on ne voit rien à moins d’arriver deux heures à l’avance. Heureusement, les images apparaîtront sur un écran géant qu’il est parfois difficile de voir. Et le dimanche, à midi, un ange – une jeune femme en fait – descend dans un splendide costume, suspendu à un filin, depuis le haut du campanile jusqu’à la scène : c’est le vol de l’ange, qui inaugure les festivités.

     Aucun doute : y être au moment du carnaval, c’est être ailleurs. Malheureusement, nous n’avions pas prévu d’y rester plus longtemps.

 Jacqueline BARANOUX ( 59/63)

 

 

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